Directrice de l’Institut Kodály Francophone

Klara Gouël

Photo de Klara Gouël

Issue de l’Académie Franz-Liszt de Budapest, Klara Gouël exerce pendant vingt ans en qualité d’enseignante dans les écoles de musique du Conservatoire de Budapest. Parallèlement, elle enrichit son bagage artistique en occupant le pupitre de premier violon à l’orchestre de l’Opéra National Hongrois.

Arrivée à Genève en 1999, elle y fonde sa propre école de musique, le Studio Kodály.

Son but a tout naturellement été de chercher à développer pour la Suisse romande une adaptation authentique de la pédagogie musicale Kodály dont elle est familière.

Le projet a donné des résultats significatifs durant les 22 ans où il était sous sa direction, et l’école de musique est devenue une référence en la matière dans les pays francophones.

Parallèlement à son activité d’enseignante, Klara Gouël se tourne vers la formation continue, en constatant la pertinence et le besoin d’une formation complémentaire à l’attention des professeurs de musique.

Depuis dix ans, elle propose et organise un cursus certificatif intitulé Pédagogie musicale basée sur le concept Kodály, reconnu par le Département de l’instruction publique du canton de Genève.

Aujourd’hui elle se spécialise dans cette voie par le biais de l’Institut Kodály Francophone (www.kodaly-francophone.org) fondation reconnue d’utilité publique, où elle est actuellement directrice.

C’est une structure qui permet d’étendre son champ d’action à toute la francophonie.

Pour moi, la méthode Kodály…

…est une expression qui désigne et distingue le système d’éducation musicale hongrois établi par Zoltán Kodály, bien que lui-même a refusé, à plusieurs reprises, d’être décrit comme l’auteur d’une méthode. Pourtant, parmi les grands compositeurs, il est le seul à s’être soucié de créer d’innombrables œuvres destinées spécialement à l’enseignement de base de la musique : des œuvres de toute beauté, comportant les mêmes exigences que les compositions qui lui ont valu un renom mondial.

« En tant que compositeur, Kodály se situe parmi les meilleurs de notre temps. Son art et le mien, bien qu’ils soient issus de la même source, sont fondamentalement différents…mais cette différence traduit une pensée musicale totalement nouvelle et originale. Si je lui porte une si haute estime, ce n’est pas parce qu’il est mon ami, mais à l’inverse il est devenu mon ami parce qu’il est le meilleur des musiciens hongrois » nous confie Béla Bartók.

Sur un autre plan, plutôt que d’éditer des manuels didactiques destinés à l’édification des professeurs, il a jugé plus important de convaincre le ministère de l’éducation de la nécessité d’établir un enseignement musical obligatoire et poussé pour les futurs éducateurs de la petite enfance.

Pourquoi une telle logique ? Parce que Kodály a estimé que l’éducation musicale de base est une tâche aussi noble et même plus importante (!) que la formation de futurs virtuoses… Il était convaincu que le rôle de la musique à l’école dépasse le domaine du culturel et il a suivi l’idéal que son meilleur ami, Béla Bartók, a formulé ainsi : « je destinerai toute ma vie à l’élévation de mon pays ». Bartók a dû partir à cause de la guerre, Kodály est resté et a accompli cet idéal.

Ses œuvres pédagogiques, établies en progression, puisent toujours dans la « source pure », expression partagée avec Bartók, honorant ainsi la musique traditionnelle authentique. Mais cette musique vient de la tradition hongroise ! Que faire dans d’autres pays ? Selon Zoltán Kodály, la tradition d’un peuple représente une richesse et une valeur inestimables que l’on peut mettre partout au service de l’éducation. Il estime qu’une mélodie populaire, taillée, polie pendant des siècles par la transmission orale, équivaut aux chefs-d’œuvre les plus estimés de la musique savante.

On constate aujourd’hui une dévalorisation de la transmission orale. Pourtant, la manière dont l’enfant apprend à parler s’apparente en bien des points à celle dont il apprend à s’exprimer par le chant… C’est dans ce sens que Kodály a établi son système pédagogique : qu’on apprenne la musique de l’intérieur.

Dès le plus jeune âge, les cours de Bébé-Parents, Découvertes, Jardin musical et Initiation musicale proposés par l’Institut Kodály Francophone permettent aux enfants d’ébaucher leurs babillages musicaux par des comptines et chants d’enfants, absorbant un modèle de référence, faisant connaissance avec le patrimoine musical de leur environnement.

Cette démarche permet aux plus petits d’acquérir implicitement la grammaire du langage musical. Sur cette base, par un apprentissage logiquement construit, l’élève sera conduit à une forme d’interprétation où l’œuvre sera racontée et non récitée, l’exécution d’une composition sera sa réactualisation et non seulement sa restitution. N’est-ce pas là le but le plus désirable pour les apprentis-musiciens ?

Si l’on néglige cette étape fondamentale, le développement de la capacité créative sera remplacé par la simple pratique reproductive, et la part la plus importante de l’apprentissage musical sera délaissée, à savoir le sens donné aux choses que l’on fait et la réelle motivation intérieure.

Klara Gouël, directrice de l’Institut Kodály Francophone

plus d’infos

Le blog de la Fondation

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